Chers visiteurs,

Voici le second DS de philosophie qui reçut quelques réserves adressées par le professeur, mais ce dernier le trouva bon dans l'ensemble. C'est un thème sur lequel je suis parti un petit peu à l'aveuglette : je l'avais révisé, mais j'ai préféré y inclure quelques idées personnelles et beaucoup de citations personnelles afin d'étoffer le devoir. Sans plus tarder, je vous laisse découvrir cette décontenance :

"Krishna Radha Rain Leela" par Rajendra Khanna

La question d'autrui est déterminante pour une société, puisqu'elle est la cohabitation d'individus interagissant. "Nul n'est une île.", disait Thomas Merton, moine d'une branche catholique contemplative, aussi sommes-nous liés et influencés les uns les autres. Autrui étant un autre moi et donc doté de raison, et ma connaissance étant tout savoir que je considère comme acquis, vrai, influencée par différents prismes, il est une question qui peut encore être posée : serait-il plus facile de connaître autrui que de se connaître soi-même ? Me méprendrais-je moins sur la nature d'autrui que sur la mienne ?

Nous tenterons d'y répondre en cherchant la nature d'autrui, puis en soulignant les éléments pouvant y contribuer, et enfin en mettant en exergue tous les obstacles nous en empêchant.

La nature profonde d'autrui demeure un mystère en raison de dissensus à ce propos. Pour certains, autrui est un autre moi qui ne sait que percevoir le monde et est soumis aux mêmes contraintes et besoins que moi. Si toutefois l'on se situe proche du courant solipsiste, on peut considérer qu'autrui est une création de notre esprit au même titre que le monde environnant. Autrui ne serait donc qu'une illusion et un des aspects du reflet de notre intérieur.

Si l'on part d'un postulat solipsiste, on pourrait croire que nous sommes parfaitement conscients d'autrui : que nenni ! Pour cela, il faudrait que nous soyons parfaitement conscients de nous-mêmes. Or, la conscience d'un individu est contrainte de composer avec maintes forces extérieures. Cela peut être l'inconscient freudien, notre ligne de conduite, etc. Par analogie, nous pouvons résumer la situation en cette formule d'Aika Fuwa : "Les acteurs sur scène ne peuvent ignorer leur texte pour faire comme bon leur semble.".

Partons donc de l'autre postulat, celui de l'autre moi. Celui-ci, malgré sa différence, peut être appréhendé afin que je puisse le connaître. L'une de ces manières est de voir en l'autre une extension de nous-mêmes. En s'incarnant dans l'autre, nous pouvons mieux comprendre ses dires, ses agissements, et finalement son être tout entier. C'est notamment l'idée de Malebranche, mais aussi de Confucius, philosophe chinois des Printemps et des Automnes : "Ne sois pas contrarié de ne pas être célèbre, mais honteux de ne pas connaître les autres.".

Toutefois, c'est aussi notre conscience du besoin et/ou désir des autres qui peut nous aider à les comprendre. En ayant une approche libérale, on est conscient que l'état de notre vie est le fruit d'une somme colossale d'individus ; ainsi, le poète français Sully Prudhomme déclara : "Nul ne peut se vanter de se passer des autres.". En étant attaché émotionnellement à quelqu'un, on peut pouvoir agir afin de le ravir, et il faut pour cela connaître la personne, qui est une des raisons en général de l'amour. Dans cette idée, la Sorcière de l'Arbre des Origines dit : "Lorsqu'il s'agit de l'homme que tu aimes, inversement au monde, il est plus aisé de décider quoi faire.".

Avant de poursuivre, il faut se souvenir que la différence de l'autre peut être problématique pour sa pleine compréhension. En effet, autrui étant doté d'une certaine raison et liberté ("L'Homme est condamné à être libre" selon Jean-Paul Sartre), ce dernier peut ne nous montrer que ce qu'il désire de lui. Shakespeare l'évoqua : "Le monde entier est un théâtre. Tous, hommes et femmes, n'y sont qu'acteurs. Au cours de leurs vies, ils y jouent différents rôles.". L'idée du dramaturge a pu être reprise par Mahiro Fuwa lorsqu'il affirma "ne jamais vivre pour le scénario d'un autre" et Hitagi Senjōgahara lorsqu'elle tint ces propos : "Dans notre société, laisser les autres découvrir notre personnalité est une démarche risquée. Il est hautement probable que quelqu'un en vienne tirer avantage.".

Il existe aussi comme barrière le fait que, pareillement au monde, je ne peux faire l'expérience consciente d'autrui. Je suis soumis à ma perception et analyse du monde, incorrecte et imparfaite. À ce propos, Shinobu Oshino laissa comprendre : "Même s'il est impossible de changer le monde de soi-même, le déformer ne devrait pas être si ardu.".

Enfin, nous aborderons un dernier obstacle, celui des parcours différents. On peut y voir deux sous-parties, celle des conditions matérielles d'existence de Karl Marx, premier théoricien du communisme, mais aussi celle des socialisations, fréquentations, etc., parfois opposées dans lesquelles sont plongés les individus. Pierre Bourdieu, sociologue français du XXème siècle tardif, parlait d'habitus. Il en résulte un prisme d'analyse pouvant être radicalement différent et empêcher la connaissance de l'autre. Ainsi, en recitant Aika Fuwa : "Pour chacun, sa propre histoire.", mais encore : "Tout survient pour une raison. Toutes les tragédies et infortunes quotidiennes sont autant d'événements emplis de sens, menant à une conclusion idéale.". Cette dernière fait certes plus référence au déterminisme, surtout fataliste, que nous aurions pu aborder. 

Pour conclure, à la façon du monde et de nous-mêmes, la connaissance d'autrui ne coule pas de source. La connaissance elle-même est difficilement absolue si l'on considère le "malin génie" de René Descartes, et le monde rationnel ne serait qu'une immense "Comédie humaine". Néanmoins, cela ne nous empêche pas de profiter et d'apprécier l'autre sur la base de ce que nous croyons qu'il est...

Je vous invite grandement à me communiquer ce que vous en avez pensé ! Merci d'avance, en vous souhaitant une vie harmonieuse !