Le savoir au bout du phile n°1

03/01/2019

Chers visiteurs,

Un devoir surveillé de philosophie m'avait fortement stimulé, et je m'étais fortement investi dedans. Puisque les retours du professeur furent positifs, je pense qu'il est judicieux que je le publie ici. Ce n'est pas toujours que ce qui nous est demandé au lycée me parait pertinent, mais je serais malhonnête de tout rejeter en bloc. Je suis conscient (lol) qu'il manque des notions sur le sujet, mais il faut savoir aussi ne pas trop aller au-delà du programme ; je ne saurais être plus exhaustif de toute manière ! Voici donc ce que j'ai répondu à la question suivante :

"Nine states of consciousness" par Eddie Calz sur Deviant Art

La conscience a-t-elle un pouvoir absolu ?

"Malgré mon expérience et mes capacités, je restai conscient de demeurer un simple humain.". Cette déclaration de l'avant-dernier descendant xerxèsien peut sembler attrayante : elle n'est pas sans nous rappeler l'intentionnalité de la conscience, mais aussi la dimension morale de cette dernière. La conscience est un vaste sujet prêtant encore à débat de nos jours, mais on peut la résumer en une activité psychique nous permettant d'appréhender les perceptions et informations qui nous parviennent. On la considère aussi décisive lorsqu'il s'agit d'effectuer des choix. Elle a donc une certaine importance pour l'être humain (en partie l'animal ? Là est le débat entre autres), mais peut-on affirmer qu'elle ait un pouvoir absolu ? Ma conscience contrôle-t-elle entièrement ma vie, restreignant ainsi potentiellement ma liberté ?

Nous tenterons d'y répondre en commençant par définir les domaines où la conscience joue un certain rôle, puis poserons certaines limites à cette puissante influence.


Soulignons déjà, pour commencer, que sans conscience, nous ne pourrions nous rapporter au monde et ne serions qu'objets de celui-ci. Lorsque nous possédons une conscience, nous sommes capables de percevoir le monde via les sens (au nombre de neuf, contrairement à la théorie des cinq sens d'Aristote) d'une part, et de nous en rapprocher en cherchant à savoir quelle est notre place, notre rôle, au sein de ce dernier. C'est notamment ce que défendit René Descartes, philosophe français du XVIIème siècle, lorsqu'il tint ces propos : "Par le mot de penser, j'entends tout ce qui nous permet d'entendre, de comprendre, de sentir ; tout cela entre en jeu lorsque l'on parle de penser.". Pour le dire plus simplement : selon lui, la conscience est le socle du savoir, qu'il soit cognitif ou non. Il peut être aussi perceptif. Pour Descartes, afin d'exister, il faut douter. Du doute intervient une analyse, de laquelle découle un avis. Qu'il soit erroné ou impertinent, le simple fait de douter et penser rend incontestable l'existence du sujet, "je" : c'est le Cogito ergo sum, "Je pense, donc je suis.".

Par le biais de la conscience nous allouons aux objets que nous voyons un sens, une signification, une fonction. En effet, la signification n'est pas intrinsèque à l'objet. Ainsi, la conscience n'agit pas de manière passive et neutre tel que l'œil, elle tend vers les objets de connaissance. Son sens sera déterminé par ce qu'on appelle "l'intentionnalité de la conscience". Selon ce concept développé par Husserl, philosophe austro-allemand du début du XXème siècle, nos expériences, notre vécu, toutes ces externalités biaiseront notre jugement à plus ou moins long terme. Celui-ci disait à ce propos : "Selon que je vois, que je me souviens, que je pressens, que j'entends, je ne serai pas destiné à percevoir les choses de la même manière.". Ainsi, même selon notre humeur, notre conscience peut agir différemment face à la même cause.

Venons-en à la force morale de la conscience : elle fut théorisée par beaucoup de philosophes, dont l'un des plus illustres est Jean-Jacques Rousseau, penseur français des Lumières. Il avance que "la conscience est la voix qui nous pousse à aimer le bien et pas seulement à le connaître". La conscience agit donc, selon lui, comme un garde-fou, une barrière nous empêchant d'agir de façon néfaste envers les autres. Faisons tout de même honneur à Confucius, ou Kong Fuzi, philosophe chinois du VIème siècle avant notre ère. Toute leur vie, lui et les nombreux disciples du confucianisme appelèrent à suivre la Voie, équivalent de la conscience. Celle-ci est censée harmoniser les relations entre les Hommes. "La volonté de l'homme de bien est pareille au vent, celle de l'homme de peu pareille à l'herbe : sous la force du vent, elle ploie.".


Nous allons maintenant découvrir que ce pouvoir de la conscience est malgré tout limité. En terme introspectif, le pouvoir de la conscience n'est déjà pas absolu : à trop rester focalisés sur nous-mêmes, elle peut se fourvoyer dans son auto-critique. Il faut impérativement que nous restions ouverts aux apports extérieurs pour ne pas troubler la vision de notre conscience.

Vient ensuite le concept freudien d'inconscient. Selon Sigmund, la plus grande partie de notre psyché est habitée par l'inconscient : la conscience n'est donc pas maîtresse dans sa propre demeure. L'inconscient est chargé de regrets, d'actes manqués, de désirs refoulés, mais aussi de pulsions, violentes ou sexuelles par exemple. Elles peuvent parfois ressurgir, et le moyen privilégié est celui du rêve. Une des façons de découvrir cette partie de nous-mêmes normalement inaccessible est l'interprétation, c'en est même la voie royale : là réside tout l'intérêt de la psychanalyse, élargir l'horizon du monde du sensé.

Pour finir, abordons la question du déterminisme comme entrave à la pleine conscience. Spinoza, Baruch de prénom, exposa la condition d'une pierre consciente pour illustrer sa pensée. Selon lui, la conscience ne connaît que ses désirs, pas les causes de ces derniers. Dans une de ses correspondances avec Schuller, il exprimera donc : "Telle est cette conscience que tous se vantent de posséder car ils ont connaissance de leurs appétits, mais non des causes les déterminant.". Ainsi, la réalité des choses et des sentiments reste cachée pour la conscience, elle n'en connaît que les conséquences.


Concluons donc désormais : je me réclamerai adepte du juste milieu pour cette fois. Il en va presque comme une évidence que la conscience exerce un certain poids sur notre capacité à percevoir le monde, à traiter l'information et formuler des opinions. Or, je pense qu'il ne faut pas oublier l'incursion que représente notre passé, notre éducation, notre inconscient, notre société, notre situation, dans notre capacité décisionnelle. Toutefois, liberté et conscience étant toutes-deux des termes malléables auxquels viennent se greffer les visions de chacun, il serait déraisonnable d'affirmer que la conscience est absolument toute-puissante. Libre néanmoins à certains de le penser.

Je vous invite grandement à me communiquer ce que vous en avez pensé ! Merci d'avance, en vous souhaitant une vie harmonieuse !

Le Doute Humain - Blog de pensée
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